Première Constatation - 13 mai 2020

J’entends dire depuis quelques jours que certains ex-confinés ont décidé de changer de vie, suite à l’expérience qu’ils ont vécu.

• Certains ont pris gout au télétravail et vont essayer de continuer,
• D’autres rêvent d’une maison à la campagne pour pouvoir s’y confiner lors de la prochaine pandémie !
• D’autres encore ont découvert les joies de cuisiner, de bien manger et espèrent pouvoir s’y tenir
• Certains peut-être moins nombreux aimeraient se reconvertir en enseignant après avoir testé le métier avec leurs enfants (des courageux)
• Une petite frange de la population a décidé de se mettre ou remettre au vélo (provisoirement peut-être, c’est bientôt l’été)
• Quelques uns se sentent une âme écolo et c’est sûr vont laisser la voiture au garage, partir en Inde à pied, boycotter l’avion et les produits chinois.
• Etc…

Chacun en a retenu quelque chose, car il est impossible d’en sortir totalement indemne ! C’est quand même une épreuve inédite et cruelle !

Première constatation : Cà y est, je suis entrée dans la catégorie des « ainés »

Nos « ainés » !  Vous savez, ceux que l’on veut à toute fin protéger, conserver le plus longtemps possible dans les EPAHD ? Et bien à 72 ans, j’y suis.

Ce fut un premier choc en mars, puis en mai,  d’entendre nos gouvernants demander aux plus fragiles, aux « ainés » donc, de rester chez eux encore plus que les autres.

Comme beaucoup je me suis dis : « mais à partir de quel âge sommes nous classés dans la catégorie des « ainés, des vieux, des fragiles » ? Et lorsque j’ai entendu au détour d’une phrase : 65-70 ans…j’ai compris, enfin je fus surtout déçue.

Or, dans mon esprit, et  compte tenu de mon expérience des ainés qui m’entourent, plutôt  gadrus (comme on dit en Picardie), je n’imaginais pas cette limite à moins de 90 ans ! Cruelle déception !

J’étais donc, à mon tour, devenue une « ainée » Déjà que j’avais pris un coup sur la tête lorsque je suis devenue grand-mère, là c’était encore plus redoutable et surtout définitif.

Et puis au fil du temps, je me suis rendue compte que finalement, ils n’avaient pas totalement tord.

Lorsque j’ai fêté en fanfare mes 70 ans, je pensais alors bêtement que j’étais encore si non jeune, du moins pas vieille. Je n’ai pas de mot intermédiaire à proposer : mûre avant blette ?

Et bien cette vacherie de Corona Virus m’a remis les pendules à l’heure.

« Allez, sois un peu réaliste ma fille ! Beauseigne ! Tu fais maintenant partie de ceux qui deviennent un poids pour la société »

Ils ne travaillent plus, sauf comme bénévoles, coutent cher aux caisses de retraites, sont des usines à médicaments, creusent le trou de la sécu, et en plus on fait du sentimentalisme en voulant à toutes fins les conserver le plus longtemps possible. Ce n’est pas cohérent !

Mon père qui avait à la fois un esprit très réaliste, voire terre à terre, et un humour caustique m’avait dit en 2005 lors de la canicule qui dissémina plus de 15 000 « vieux » et à laquelle il échappa :

« Au moins çà fait du bien aux Caisses de Retraites », constatant dans la foulée, que çà faisait plus de 25 ans qu’il vivait à leurs crochets! Après ce trait (comme dit Cyrano) nous avons bu un coup de Champagne ! Ca le valait bien !

D’accord, j’ai comme parfois mal dans le dos, des crampes, l’estomac fragile, la vue qui baisse, les oreilles qui se bouchent et autres joyeusetés que l’on dit « liées à l’âge », mais quand même…Je n’ai pas encore la rate qui se dilate ! Je pense ne pas avoir atteint tout à fait la date de péremption.

Alors cette prise de conscience devrait générer un autre mode de fonctionnement. Je vais y réfléchir, pas longtemps, car j’ai déjà quelques idées sur le sujet.

Pour la seconde constatation, il faudra  attendre un peu ! Mon esprit se ramollissant, je mets aussi plus de temps à constater !